29. décembre 2016 · Commentaires fermés sur Un poème de Jean Malrieu à partager · Catégories: Poèmes et Mots
Nadine invite Jean Malrieu à sa porte, lui dit sans détour mais avec timidité : « Parle aux gens qui voisinent avec moi, ceux que j’apprécie, ceux qui, en cette année « particulière » m’ont tant apporté. Dis leur en ta poésie si fine, discrète, ce que le partage fait naître » …
Il a répondu ceci :

À l’usage des humbles

A l’usage des humbles, de ceux qui s’aiment, j’écris que la terre est dure, que tout passe, hormis l’amour.
J’écris ce que je sais et ce que nous savons, mais que nous avons à mieux connaître pour vivre,
Que la fougère épouse le houblon,
Que l’amour n’est jamais malheureux.
J’écris à longue haleine parce qu’au bout du souffle il y a le rire à délivrer.
J’écris le monde qui sera.
Ce n’est pas en un jour qu’il viendra, mais après un long respect, une longue connaissance.
J’écris pour assumer le bonheur.
Et que m’importe comment si l’herbe au crépuscule a un langage stellaire.
Si je dis que tout est familier, ceux qui s’aiment entrent sans hésiter dans le système des gravitations.
M’entendez-vous ? La mer est à ma porte et je ne la retiens que par un tout petit peu d’imagination.
M’entendez-vous lorsque j’accorde audience aux grands thèmes de passage.
Je me bats avec les éclats de rire, les armes de la jeunesse, avec la centaurée sauvage, la bourrache et le lotier.
J’appelle au nom de la santé des prés, de la houle des sainfoins, de la sueur des hommes.
J’appelle au nom des cheveux de l’aimée, d’une main prise sur l’épaule, d’un avenir commencé à deux.
Avec les armes du plaisir, avec les larmes du désir.
J’écris le bonheur sur la table.

 

Que votre fin d’année soit tendre et douce, que le début de l’autre soit emplie d’instants sereins et d’heures pétillantes.

Nadine Gonfrier-Piccolo

 

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