
« Ne pas railler, ne pas déplorer, ne pas maudire, mais comprendre. »
Que peut-il y avoir de commun entre un certain Baruch Spinoza, philosophe juif vivant à Amsterdam au XVIIe siècle et Alfred Rosenberg, antisémite et théoricien de la pensée nazie dans l’ombre d’Hitler trente ans plus tard ?
Rien à proprement parler, sinon que le second est obsédé par le premier dont il confisquera la bibliothèque quand les troupes nazies entreront aux Pays-Bas.
Rosenberg admire Goethe qui, lui-même, a une fascination pour Spinoza ce que l’idéologue nazi ne peut concevoir : c’est « le » problème qui hantera toute sa vie.
Dès son jeune âge, Spinoza rejette les superstitions, les dogmes, les rites, la croyance dans l’au-delà, toutes choses qu’il démontre par l’analyse critique. En 1656, il est frappé d’un « herem », l’excommunication de la communauté juive d’Amsterdam. Il finira sa courte vie seul.
Irvin Yalom va « romancer » autour de ces deux personnages dont on ne connaît pas grand chose sinon leur œuvre, philosophique pour l’un, d’extermination pour l’autre. Il utilise son expérience professionnelle de psychiatre pour imaginer leur monde intérieur à partir d’éléments historiques et littéraires véridiques. Il les entoure d’acteurs secondaires fictifs permettant de dialoguer, argumenter, débattre, réfléchir sur la pensée de l’un, l’hérésie de l’autre.
Sur la forme et sur le fond, j’ai trouvé ce livre aussi brillant que passionnant : il captive et bouleverse, il ne peut laisser indifférent.
« Les hommes se trompent quand ils se croient libres ; cette opinion consiste en cela seul qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. »
Lu et présenté par Myriam